La situation au Mali
source : le parisien
Je ne vais pas vous retracer les événements ou tenir des propos politiques ou militaires, les journaux en sont déjà pleins, mais vous vous demandez peut-être comment on vit cette situation ici au Burkina Faso.
Ce que je peux en dire, c’est que ce n’est pas très rassurant de voir que tout ça se passe pas bien loin des frontières avec le Burkina, et ce n’est pas du tout le moment de se rendre dans le nord / nord-ouest du pays. C’était déjà fortement déconseillé avant, mais là ce serait inconscient.
Beaucoup de Maliens traversent les frontières pour se rendre au Burkina Faso. Nous voyons plus de Touaregs qu'avant, reconnaissables notamment à leurs habits, et de nombreux marchands ambulants revendiquent venir du Mali. Oh, certains jouent probablement juste sur la corde sensible, et ne sont pas plus Maliens que moi, pour essayer d’écouler leurs marchandises. D’autres doivent profiter de la situation tout simplement pour faire appel à nos bons cœurs. Parfois, je les écoute un peu parler, quand ils m’apostrophent aux abords des magasins pour me vendre leurs bracelets et boîtes couvertes de cuir, et ils me racontent leurs difficultés et leurs craintes, en soulignant que ce n’est pas ça, l’islam, et que Kadhafi est probablement derrière tout ça. Il y a plus de ressortissants maliens que les années précédentes au lycée français également, depuis la rentrée de septembre déjà, et bien sûr ils s’y attendaient. L’exode, si on peut parler d’exode, n’est donc pas très récente, mais l’impression qui règne est que le mouvement s’accélère. Et c’est probablement le cas.
Il n’y a pas que le Mali qui est instable. Il y a d’autres pays limitrophes comme le Niger par exemple, où ça peut s’embraser facilement. Comme on le dit souvent, l’Afrique est une véritable poudrière. Le Burkina Faso est un îlot plutôt stable au milieu de tout ça, et sert de ce fait souvent de terre d’accueil pour les rencontres au sommet de chefs d’état, et de base arrière pour les ONG et autres logisticiens.
Actuellement, le trafic aérien au-dessus de Ouagadougou a drôlement augmenté. Nous ne sommes pas très loin de l’aéroport et avons l’habitude d’entendre quelques avions par jour (ah ! nous disons-nous, voilà le Air France de 18h15 !). Mais déjà le jour-même de l’intervention de l’armée française, nous avons entendu les avions et nous sommes demandé si c’était un exercice ou alors… et n’avons donc pas été très étonnés d’apprendre ce qui s’était passé. Depuis, c’est un ballet aérien quasi-permanent, de jour comme de nuit, d’avions et d’hélicoptères. Regardez les infos, et vous verrez que pour se rendre au Mali, les chasseurs survolent le Burkina, et donc nos têtes.
Nous n’avons pas reçu de messages d’alerte de nos ambassades respectives, et je pense qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter outre mesure, au moins pour le moment. Il faut bien évidemment rester prudent, ne pas s’aventurer du côté du Mali, et à mon sens faire un peu attention à ce qu’on fait et où on va, même à Ouagadougou. Mais contrairement à la France, il n’y a pas de plan Vigiparate ici, et je trouve que les nouvelles qui nous arrivent de la France ne sont finalement pas moins inquiétantes… Comme le disait très justement Nils hier, on est probablement mieux à Ouaga qu’à Paris en ce moment.
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